Commento : "La végétalisation urbaine, définie comme le fait d'intégrer volontairement des végétaux et zones vertes au sein des villes, est de plus en plus introduite dans les politiques publiques. Elle vise notamment à améliorer la santé collective en réduisant l'effet d'îlot de chaleur urbain, en diminuant le risque de maladies cardiovasculaires et de diabète, et en favorisant une meilleure santé mentale. Cependant, elle a aussi pour conséquence de réintroduire des environnements pouvant servir d'habitat à diverses espèces d'arthropodes vecteurs de pathogènes d'intérêt en médecine humaine ou vétérinaire, tels que les moustiques tigres (Aedes albopictus) ou les tiques (Ixodes spp., Dermacentor spp., Rhipicephalus spp., etc). Cette étude explore l'impact de la végétalisation urbaine sur le risque vectoriel lié aux tiques dans la région de Toulouse, Occitanie, France. Pour cela, les objectifs de ce travail étaient de : (i) répertorier le nombre de maladies transmises par les tiques diagnostiquées chez les chiens (babésiose, ehrlichiose, anaplasmose, borréliose, hépatozoonose) et les chevaux (babésiose, theileriose, anaplasmose) reçus au Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire (CHUVAC) de l'École Nationale Vétérinaire de Toulouse (ENVT) sur une période de dix ans : 2010-2020, dans le but de réaliser une cartographie de ces maladies dans la région toulousaine, et (ii) d'identifier les espèces de tiques les plus prévalentes dans la région, en réalisant une collecte sur des hôtes variés (chiens, bovins, animaux sauvages, etc) transitant par le campus de l'ENVT. Les résultats mettent en évidence la prépondérance de la piroplasmose dans les maladies vectorielles associées aux tiques chez les chiens et les chevaux, avec une évolution temporelle caractérisée par deux pics (printemps et automne) compatibles avec le mode de vie des tiques vectrices, et une répartition spatiale se concentrant sur l'ouest de la périphérie toulousaine, pouvant s'expliquer par la position géographique de l'ENVT (à l'ouest de Toulouse). Parmi les tiques collectées (162) sur 38 hôtes différents, nous avons identifié une majorité des genres Rhipicephalus spp. et Ixodes spp.
Notre travail décrit pour la première fois les espèces de tiques en présence en région toulousaine, et rapporte la présence de piroplasmose en zone urbaine, notamment chez le chien. Ainsi, des mesures de surveillance et de prévention des risques sanitaires potentiellement associés à une végétalisation urbaine croissante doivent être implémentées, aussi bien chez l'Homme que chez l'animal, dans un contexte One Health, en rappelant le rôle central des vétérinaires dans l'information des propriétaires pour la gestion des maladies zoonotiques."