Commento : Camille Melloy était prêtre, écrivain et poète, né à Melle, en Flandre néerlandophone. Il écrivait en néerlandais et en français. Dans ce recueil figurent deux récits, dont Blacky, chien (pp. 15-61) et "trois histoires d'un proche passé".
Blacky est un "chien roturier" qui arrive, transporté dans un panier d'osier, dans un ancien pavillon de chasse habité par une communauté de moines. Jeune chiot, il est appelé à devenir le gardien du Repos de Saint-Hubert. Blacky est en réalité une chienne, mais le prénom de Blacky lui sied bien. Tout heureuse, elle part à la découverte de son domaine, qu'elle devra garder, mais où elle sera libre de chasser les rats, et les taupes de la pelouse.
Devant ce chien sans race, aux vifs yeux de lumière, au joli poil roux mais à l'arrière-train décourageant, les quatre moines sont plutôt bons et accueillants. C'est cependant au gardien Gustave que va la plus forte affection de Blacky.
- Comme leur précédent chien était devenu trop vieux, les moines compatissants avaient tenté de mettre fin à ses souffrances à l'aide de boulettes empoisonnées, puis avaient été obligés d'utiliser un fusil (p. 23).
- Blacky est bien nourrie et bien traitée, contrairement aux autres chiens de la région (p. 25) ; elle devient vigoureuse, et la terreur des taupes, sinon des rats d'eau (pp. 26-27). Elle aime randonner avec les moines (p. 41-42).
- Deux des moines, ainsi que Gustave, aiment la regarder, lui lancer des cailloux, à l'intérieur comme à l'extérieur. Elle les rapporte avec une adresse croissante, sa passion lui fait lui-même présenter aux moines bouts de bois et morceaux d'anthracite à lancer. Le Père Chrysostome lui lance parfois des charbons chauffés, qu'elle sait rapporter pareillement, en faisant attention de ne pas se brûler la truffe. Ils varient même les épreuves, à moins que Blacky elle-même n'invente une difficulté supplémentaire, comme celle de pousser le caillou dans l'eau avant de plonger l'y repêcher (pp. 28-31). Plus tard les moines lancent de plus gros cailloux, en plein étang, même asséché pour l'hiver et fangeux… ; Blacky tente aussi de happer les hirondelles (pp. 38-41).
- Quand Blacky met bas des chiots, les moines sont ravis et multiplient les visites et les soins. Seul le petit Ali est ensuite gardé, les autres sont donnés. Mais Ali est un petit diable, au cou duquel il faut attacher un grelot, pour prévenir de son approche poules et canards terrorisés. Ali est finalement donné, il fait des numéros et peut porter un panier (pp. 32-37).
- Quand les moines achètent une ânesse pour faciliter les transports, Blacky tente de s'en faire une amie (p. 44).
- La vie pleine de gaité de Blacky s'interrompt un dimanche d'été quand "monsieur le comte" fait aux moines le don d'un jeune chien de race, une magnifique chienne doberman, nommée Connell (p. 49). L'arrivée de ce chien parfait, mais ne sachant pas jouer et n'ayant pas de bonnes manières, signe pour Blacky la fin du bonheur.