Résumé : "Si la notion de race canine n'apparaît qu'avec la cynophilie moderne à la fin du XIXème siècle, la formation de différentes variétés dans les périodes antérieures répond à une mise en fonction du chien. Pour l'étude des premiers morphotypes canins apparus dans l'histoire de l'espèce, la recherche iconographique est un outil des plus intéressants. La représentation artistique n'a pas le même statut qu'une preuve scientifique, mais mettre en perspective de nombreux documents permet d'élaborer des hypothèses solides complétant les résultats archéozoologiques, par essence fragmentaires. Le chien domestique émerge tout d'abord sous un morphotype primitif non spécialisé, dont la représentation peut être suivie, à partir du mésolithique, dans l'art de plusieurs continents. Correspondant à une pression sélective modérée due au maintien d'une diversité d'utilisations, il restera par la suite un élément de la ruralité ; il se verra ainsi attribuer la conduite des troupeaux. La représentation du morphotype graïoïde, avec ses proportions étirées, apparaît ensuite en tant que produit d'une spécialisation cynégétique de milieux ouverts, Asie occidentale et Afrique du nord. Les témoignages iconographiques situent l'émergence du morphotype molossoïde dans les mêmes contrées, où elle pourrait être liée à la domestication des ongulés : la fonction dévolue au molosse est en effet la protection des troupeaux. La pression sélective induite et son orientation particulière conduisent à l'épaississement des proportions. Par la suite, un morphotype plus léger se détache pour la chasse au grand gibier. L'iconographie n'apporte cependant pas la preuve d'une parenté directe entre spécimens antiques et chiens actuels. Il faut ainsi distinguer filiation génétique et filiation fonctionnelle."