Résumé : "Le discours moderne sur le loup vise largement à faire oublier l'image négative que l'histoire a transmise de lui. Celle-ci est plus du ressort du symbole de nos propres instincts difficiles à maîtriser que de la réalité des faits : des cas de loups enragés ou des affaires exceptionnelles comme la bête du Gévaudan ont certes fondé la diabolisation du loup mais, au quotidien, la cohabitation homme/loup se faisait sans problème, le loup commun étant assez inoffensif pour l'homme. Toutefois, le discours scientifique actuel, empreint de partialité, est pris en défaut lorsqu'il impute aux chiens errants la prédation de moutons qui, en réalité, est bien le fait, pour l'essentiel, du loup. Il apparaît donc que la fonction symbolique de ce dernier est toujours présente mais inversée : le loup est purifié de ses aspects négatifs afin de répondre à un puissant besoin social de nature. Quant au loup pragmatique, les éleveurs réapprennent à vivre avec lui. Hier comme aujourd'hui, il est illusoire de prétendre rendre compte exactement du loup réel, car passion et raison se sont toujours entrecroisées à son sujet."