Résumé : "Croiser les données archéologiques, mythologiques et ethnologiques permet d'éclairer l'important rôle du chien dans la pensée religieuse primitive et polythéiste. Les premiers vestiges osseux identifiés comme canins sont en effet le plus souvent inclus en contexte rituel, quand ce n'est pas à l'intérieur même des sépultures humaines ; cette précoce et universelle association du chien aux coutumes funéraires peut même être considéré comme une constante culturelle. La spéciation entre le loup et le chien aurait été, d'après les travaux éclairant une première phase de protodomestication involontaire, un phénomène rapide et par conséquent perceptible : dès son intégration aux sociétés humaines, et sans doute avant toute mise en fonction séculaire, le chien a par conséquent été revêtu d'une haute valeur symbolique et sacrée, celle d'un être hybride, intermédiaire entre le monde des esprits surnaturels et celui des hommes. Au-delà de son office de protecteur des morts et guérisseur des vivants, il peut ainsi être considéré comme un substitut de l'homme dans certains rituels funéraires, un réceptacle de son âme voire même son ancêtre mythologique. Par la suite, la pensée religieuse monothéiste affranchissant l'homme de l'animalité, la distinction avec le règne animal est désormais de nature et non plus de degré. Mais de nos jours, on assiste de nouveau à un changement de paradigme que les cynophiles au sens large du terme, en re-humanisant leurs compagnons quotidiens, ont déjà d'une certaine manière initié."