Résumé : "Des sources ottomanes et occidentales révèlent que les Stambouliotes vivaient en bonne entente avec les chiens des rues, pourtant très nombreux. Était-ce parce que ces derniers rendaient service aux habitants, notamment en s'avérant de vigilants gardiens, mais plus encore comme d'indispensables auxiliaires dans le nettoiement de la voierie ? Si le chien est en islam une créature essentiellement impure, comment expliquer que les musulmans des quartiers traditionnels aient été les plus farouches défenseurs des chiens des rues lors de la première grande campagne d'extermination ? L'objet de cet article est de montrer que le chien éboueur était, et reste, une réalité. Celle-ci ne suffit toutefois pas à expliquer la complexité des liens tissés entre les habitants et ces chiens. L'approche utilitariste ne permet pas de rendre compte de relations où interviennent des échanges mutuels, une familiarisation réciproque, des croyances et une présence spécifique pour l'homme, voire une forme singulière d'altérité."